CONFERENCE
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"Olympe de Gouges : écrire, militer, mourir" par Cécile Berly - le 16 mars 2024 -
Olympe de Gouges, vous avez dit Olympe de Gouges, celle dont on parle tant dans les médias ? Panthéonisable ? Elle-même ! Et c'est d'ailleurs une des batailles de Cécile Berly, notre conférencière !
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Olympe de Gouges, femme de lettres et de convictions fit, elle aussi en son temps, l'objet de bien des critiques au point d'en mourir guillotinée le 3 novembre 1793, seule, sans avocat, abandonnée de ses proches, pire encore, trahie par son fils...
De son enfance de bâtarde et de son mariage forcé, Olympe de Gouges - de son vrai nom, Marie Gouze - s'extrait, grâce à un veuvage rapide, à sa résilience et à son ambition. De sa condition d'Occitane (née à Montauban), de provinciale, elle fera une force pour faire valoir sa légitimité (fille naturelle d'une célébrité des lettres, dramaturge à succès, Académicien et meilleur ennemi littéraire de... Voltaire, excusez du peu !). Elle connait un grand succès dans les salons parisiens. Son entrée en littérature se fera par le biais du théâtre vers 1780. Elle n'est ni une styliste ni une écrivaine majeure mais une femme au sein du club très VIP des Philosophes des Lumières. Elle dictera au moins 150 textes prônant ses valeurs profondes : humanité, laïcité, défense des dominés (les femmes, les "Nègres", les sans-voix et sans-droits). Elle y traitera de l'hygiène (lors des accouchements notamment), d'un I.S.F., se prononcera contre la violence, contre la peine de mort, s'inquiètera du sort des populations vieillissantes : une avant-gardiste !
Mais, mais... Olympe de Gouges est hélas perçue comme une intruse dans la vie publique, pire, dans la vie politique ! Elle ose écrire, ose signer de son nom, ose faire imprimer puis placarder ses affiches ; un comble ! Ses idées progressistes la desservent. Emprisonnée, malade, elle continuera de faire imprimer ses textes et n'aura de cesse d'écrire au Comité de salut public pour demander à être entendue au plus vite par le Tribunal révolutionnaire.
Être jugée était pour elle la condition pour réhabiliter autant la femme que l'écrivaine qu'elle incarnait : «La mort ou la liberté !». Lors de son procès, ce sont bien ses écrits qui sont au cœur des débats : on l'accable en raison de « sa prétention (féminine) à fouler l'espace public (masculin) par l'écriture ».
Faut-il encore souligner l’importance de l’égalité des droits et de la participation des femmes dans la sphère publique ?
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